Changer de vie pour révéler son potentiel: le témoignage de Nathalie Colin
16 août 2020
Géraldine COUGET

keyboard_backspaceRetour

Directrice artistique de Swarovski pendant quatorze ans, Nathalie Colin a eu un parcours professionnel extrêmement riche, marqué par la réinvention et la poursuite de ses rêves. Rencontre avec une femme inspirante, qui donne envie de changer le cours de sa vie !

Nathalie Colin

Vous avez démarré votre parcours professionnel en 1989 à New York…

Oui, pendant que j’étudiais au FIT[1], j’ai travaillé auprès du charismatique Marc Jacobs pour la marque Perry Ellis. J’assistais la personne qui gérait le merchandising, l’équivalent d’un chef de produits. De retour en France en 1990, j’ai intégré le bureau de tendances Promostyl, qui souhaitait reprendre son activité historique : le conseil, en complément de la vente des cahiers de tendances. Cette activité a fini par représenter 50 % du business de la société, où je suis restée jusqu’en 1998. Puis j’ai eu envie de créer ma propre agence, Cultural Sushi, spécialiste de l’Europe et de l’Asie pour tout ce qui touche au design (mode, musique, etc.) : j’ai conseillé Shiseido, passé deux ans à Pékin pour lancer une marque de prêt-à-porter chinoise, écrit dans la rubrique « tendances » de VOCE, un magazine nippon, travaillé pour des majors pour développer l’image en Europe d’artistes comme Tina Arena, réfléchi à des lignes de produits dérivés pour Roland Garros, Hummer, etc. J’ai beaucoup travaillé en Asie avec des créateurs ou des sociétés françaises qui voulaient s’y implanter.
[1] Fashion Institute of Technology

Et puis Swarovski est entré dans votre vie !

Quels sont vos liens avec ICN Business School et EST’elles Exécutive ?

L’aventure avec cette belle marque a démarré dès 1994, alors que j’étais chez Promostyl, et s’est poursuivie chez Cultural Sushi. En 2005, ils m’ont demandé de les conseiller pour dénicher leur directeur artistique, avant de me proposer le poste ! Le challenge de la fonction me séduisait, mais j’avais déjà ma propre agence et j’aimais mon activité. J’ai proposé de faire trois mois en freelance pour commencer. Cela m’a passionnée ! J’étais à la tête d’une équipe d’une cinquantaine de personnes, avec un spécialiste pour tout (taille des pierres, couleur, lumière, cuir, etc.), participais au Comité de direction (la seule femme à l’époque !), j’ai pu mettre en avant la voix des femmes et même de groupes plus marginalisés (LGBT, etc.). J’ai donc accepté le poste à plein temps. J’y ai pris beaucoup de plaisir, je me suis impliquée dans la stratégie d’entreprise et j’y ai apporté ma sensibilité féminine. L’an dernier, les collections de bijoux et accessoires dont j’avais la responsabilité ont généré 2,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires ! Cependant, je me posais des questions : j’étais dans une zone de confort. Soit j’y restais jusqu’à la retraite, soit je partais vers une vie plus incertaine, mais encore plus piquante. J’ai finalement quitté Swarovski en juin dernier. Aujourd’hui, je suis entrepreneuse et ravie de ma décision !

Avant de partir aux États-Unis, j’ai suivi le programme grandes écoles d’ICN. J’ai toujours adoré la création, je dessinais tout le temps étant enfant et je voulais suivre des études artistiques, parler anglais et voyager. Le conseiller d’orientation m’avait cependant conseillé de passer un bac scientifique. Mais après l’avoir décroché, j’ai fait hypokhâgne, puis un DEUG d’économie… En étudiant à ICN, qui laisse une large place aux projets personnels des étudiants, ancrés dans une réalité professionnelle, j’ai pu allier création et marketing, et je me suis enfin trouvée ! Quant à mon lien avec le réseau EST’elles Exécutive, il s’est noué via sa présidente, Krista Finstad-Milion, dont la sensibilité et l’énergie positive m’ont séduite. Je me suis reconnue dans ses mots et sa vision. Elle m’a proposé de devenir la marraine du réseau pour la saison 2020-2021, dont le lancement a lieu le 24 septembre, avec une conférence que j’anime. « C’est maintenant ou jamais ! » va mettre en avant la prise de conscience, le point de bascule. J’ai envie de rassurer les gens, d’inspirer d’autres femmes, de leur éviter d’éprouver plus tard des remords, des regrets. Il ne faut pas attendre, mais se jeter à l’eau, en gérant ses peurs. Cette conférence sera peut-être un élément déclencheur, le petit « plus » qui va aider certaines femmes à se décider.

Justement, que conseilleriez-vous à une femme qui veut faire évoluer sa vie professionnelle ?

Il faut toujours jongler entre le rationnel et le ressenti. On masque souvent ce dernier derrière du concret (garder un bon salaire, élever les enfants, assurer une bonne retraite, etc.). Mais il faut essayer d’oublier un instant les contraintes matérielles pour se poser la question. Si l’envie de changement est toujours là, c’est le moment de déterminer sa stratégie. Il faut réfléchir sur le fond : est-ce le métier qui ne convient plus ? ; et sur la forme : est-ce le cadre de l’entreprise qui ne me convient plus ? Pour ma part, j’adorais mon métier, mais j’avais envie d’une structure plus petite et légère, extrêmement agile, et d’être totalement en phase avec mes valeurs. Si la pratique de son métier ne donne plus le sourire le matin, il faut se reposer la question de ses envies et se souvenir de ce qui nous faisait rêver étant enfant, en oubliant les barrières et les limitations. Il est possible de changer de vie à n’importe quel âge !

Le plus compliqué est de gérer ses peurs et surtout celles de l’entourage. Mieux vaut ne pas parler de ses projets aux angoissés de nature et se tourner vers des personnes dynamiques et positives qui motivent. De plus, lire des articles, des livres, et regarder des reportages sur des femmes fortes qui ont changé de vie, c’est ultra-inspirant. On doit aussi dresser un bilan financier : en général, quand on pose les chiffres sur le papier, on évite de céder à la panique, car on se rend compte que moyennant quelques ajustements, le projet est faisable. Enfin, il convient de s’armer de courage, pratiquer des activités qui apportent de la sérénité, s’écouter et se recentrer sur soi. Il s’agit de s’autoriser à vivre sa vie, sans culpabilité ! Pour son propre bonheur, et celui de son entourage…

Comment passer à l’action et trouver l’élan nécessaire ?


Propos recueillis par Géraldine Couget


Articles du même thème

Inscription Devenir membre

Être membre, c’est :

  • soutenir les actions de l’association, contribuer à son bon fonctionnement et à sa pérennité.
  • 
être prioritaire lors de l’inscription à certains évènements et bénéficier de tarifs préférentiels.
  • 
pouvoir accéder aux manifestations proposées par nos partenaires.