Atelier d’écriture : une aventure littéraire réussie
30 octobre 2022
Geraldine COUGET

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Romancière spécialisée dans le policier, mais aussi journaliste et productrice de radio, Sophie Loubière a accepté d’animer un atelier d’écriture pour EST’elles Executive ces derniers mois. Retour sur cette aventure éditoriale, où elle a mis tout son savoir-faire et son talent au service d’autrices en herbe.

C’est par le biais de son amie d’enfance Sandrine Gennari, membre d’EST’elles Executive, que la romancière et Nancéienne d’origine Sophie Loubière a été sollicitée pour animer un atelier d’écriture à partir du 11 mai dernier. Une activité qui complète celle de l’écriture un peu trop solitaire : « J’en anime régulièrement, notamment dans le cadre de résidences d’auteurs, précise-t-elle. Le dernier en date a eu lieu en 2020, à la bibliothèque Stanislas à Nancy. Sandrine, qui a participé à la première journée, a trouvé formidable mon regard d’auteur sur l’écriture balbutiante ou timide. D’où l’idée de proposer cet atelier à des membres de ce réseau féminin souhaitant affirmer leur écriture et leur style. » Au programme : l’écriture d’une courte nouvelle policière dite « à chute », autrement dit dont l’explication, surprenante, n’est présentée qu’à la toute fin du texte.

Un atelier en trois chapitres

Si l’organisation de l’atelier d’écriture a subi les aléas dus à la gestion de la crise sanitaire de Covid-19, cela n’a nullement entaché la motivation des participants. Une première visioconférence a ainsi permis à ces derniers d’échanger à propos de leurs attentes, de leur niveau, de leurs compétences rédactionnelles, etc. « Nous avons aussi travaillé sur l’imaginaire et l’introspection, ainsi que sur des aspects plus personnels, explique Sophie. On m’a aussi posé des questions sur ma carrière d’écrivain. Pour aider les participants à trouver leur point de départ, je leur ai notamment conseillé de s’inspirer de faits divers ou d’événements de leur vie privée ou dont ils avaient connaissance. »

Quelques semaines plus tard, les plumes en devenir ont rejoint Sophie pour une nouvelle visioconférence. Le but ? Traiter de leurs difficultés d’écriture — notamment la fameuse « angoisse de la page blanche » — et répondre à leurs questions. Certains participants ont lu le début de leur nouvelle pour voir si les autres pouvaient en deviner la fin. Puis cet été, place à la rédaction à proprement parler. « J’ai relu ces textes comme une éditrice, c’est-à-dire en me concentrant sur la forme, le fond et les aspects stylistiques », souligne la romancière. Cela a évidemment donné lieu à d’autres échanges pour améliorer encore les nouvelles.

Une expérience émouvante

Finalement, ce premier atelier d’écriture d’EST’elles Executive a vu trois participantes arriver au bout de l’aventure (lire les témoignages). Le 10 septembre dernier, parallèlement au salon du livre annuel de Nancy, Le Livre Sur la Place, le groupe de romanciers amateurs s’est réuni pour une soirée conviviale. Comme le rappelle Sophie, « j’ai fait une lecture des trois nouvelles abouties, pour les faire vivre à l’oral. Avec le jury, dont j’étais membre aux côtés d’Eva Milot, une journaliste de France Bleu Lorraine, et d’Isabelle Viaud, nous avons choisi la nouvelle gagnante ». Pour cette habituée des ateliers d’écriture, cette expérience s’est avérée très émouvante : « J’ai été touchée par le degré d’implication personnelle que j’ai perçu chez les participants. J’ai vraiment le sentiment de leur avoir apporté des connaissances. En leur donnant des baskets pour se lancer, je les ai aidés à prendre un chemin où ils n’osaient pas s’aventurer avant. »

Elles ont osé se lancer…

Elles sont allées jusqu’au bout de l’aventure… Delphine Duchaîne, Christine Morin et Dominique Vey ont beaucoup appris en écrivant leur nouvelle policière à chute. Et ont envie de recommencer ! Témoignages.

Delphine Duchaîne, auteur de la nouvelle Le sucre nuit gravement à la santé :

« J’aime écrire, cela m’anime depuis longtemps. J’ai toujours des petits cahiers avec moi, où je note tout ce qui me passe par la tête. J’avais vraiment envie de savoir si ce que j’écrivais valait quelque chose. Obtenir le regard d’une professionnelle, et de surcroît dans une ambiance conviviale, était l’occasion rêvée ! Certes, je n’avais jamais écrit de texte policier, mais comme je suis curieuse, cela ne m’a pas posé de problème. Pour la rédaction de ma nouvelle, un titre de faits divers a fait “tilt”. J’ai assez rapidement imaginé une suite et surtout la chute, ce qui m’a aidée à construire mon récit. Lors de la phase de lecture du début des nouvelles, Sophie m’a donné un bon retour, ce qui m’a encouragée. J’ai écrit la suite d’un trait, mais j’ai quand même attendu plusieurs jours avant de lui envoyer le fichier en relecture, sans pour autant modifier quoi que ce soit. Je procrastinais ! Car je savais que certaines tournures nécessitaient une amélioration, cependant je ne savais pas comment faire. Sophie a immédiatement identifié ces mêmes passages et m’a aidée à les modifier. Je suis vraiment fière d’être arrivée au bout et j’ai bien envie d’aller plus loin dans l’écriture, car cela me fait beaucoup de bien. Et surtout, j’adore inventer des histoires… »

Christine Morin, auteur de la nouvelle Règlement de compte et lauréate de l’atelier d’écriture :

« J’avais envie d’écrire depuis longtemps, et même, pourquoi pas, un livre ! J’avais cependant l’impression d’avoir concrétisé ce rêve, grâce à la variété et au nombre de mes écrits professionnels, dont ma thèse. Je n’y pensais donc plus vraiment, jusqu’à cette proposition d’atelier. J’y suis allée en étant sûre que ce serait simple, mais finalement, c’était tout le contraire ! Pour moi, la difficulté a surtout été de trouver une fin spécifique, car j’ai très rapidement identifié mon point de départ, inspiré par quelque chose qui m’était arrivé peu de temps auparavant. Lors de la lecture en groupe, Sophie a immédiatement mis le doigt sur ce que je devais améliorer et modifier. J’ai attendu un peu après cette deuxième séance de travail pour reprendre, car il me fallait digérer ses remarques, les comprendre et en faire quelque chose. Je me suis alors plongée dans son univers d’auteur, que j’ai adoré, et j’ai finalement réécrit mon texte. Il y a eu encore deux allers-retours avec Sophie avant la version finale. Le 10 septembre, le jury a choisi ma nouvelle parmi les trois en lice. La journaliste de France Bleu Lorraine a particulièrement apprécié que le texte aborde des thèmes actuels et s’inscrive dans le tissu local. Savoir que ce que l’on a écrit peut toucher les autres, mettre sur le papier ses émotions est une belle expérience. Lors de la lecture des nouvelles, tout le monde a ressenti des émotions fortes ! Grâce à cette aventure littéraire, j’ai appris qu’il ne faut pas avoir de certitudes sur soi, et que tenter de nouvelles choses aide à se remettre en question pour progresser. »

Dominique Vey, auteur de la nouvelle En quête de bon voisinage :

« J’ai décidé de participer à cet atelier d’écriture par un concours de circonstances. Contrairement à d’autres participantes, je n’avais pas eu envie d’écrire quand j’étais jeune. Je ne me suis intéressée à l’écriture qu’à partir du moment où j’ai passé le certificat Voltaire. J’ai même atteint le niveau expert, ce qui m’a étonnée ! Par ailleurs, l’une de mes amies proches, qui participe à des ateliers d’écriture depuis longtemps, m’avait parlé de cette activité. Donc quand j’ai reçu cette proposition, je me suis dit “pourquoi pas ?”. Au début, j’ai eu du mal, car je n’avais pas d’idée. Sur les conseils de Sophie, j’ai cherché de l’inspiration dans un fait divers, déniché dans l’une de mes émissions favorites, “Faites entrer l’accusé”. Lors de la première lecture, j’ai été bluffée par le professionnalisme de Sophie, qui a su repérer immédiatement ce qui n’allait pas. Ainsi dans mon texte, j’avais révélé la chute beaucoup trop tôt, ce qui n’allait pas. J’ai éprouvé quelque difficulté à me détacher de cette première version, qui me plaisait. J’ai donc procrastiné, puis je me suis finalement lancée, pour avoir la satisfaction d’être allée au bout. Aujourd’hui, j’ai bien envie de recommencer… Ce serait un peu comme un défi que je me lancerais. Et aussi l’occasion de partager encore plus de complicité avec mon amie amatrice d’ateliers d’écriture ! »

Propos recueillis par Géraldine Couget

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